Manolo Valdés et Paris

Comme tant d’autres créateurs espagnols, Manolo Valdés a ressenti très tôt une fascination pour Paris, qui rayonnait depuis plus d’un siècle comme centre artistique incontesté. Grandi dans la grisaille autarchique de l’Espagne franquiste, il dévore les revues artistiques françaises que lui fait parvenir un professeur des Beaux-Arts de Valence. Il n’a pas encore dix-huit ans qu’il part, depuis Estación del Norte, travailler à Lyon l’été pour pouvoir passer une semaine dans la capitale française et visiter le Louvre, qu’il dit chérir autant que El Prado et le Musée d’Art Moderne. Il découvre à cette occasion un dessin de Rauschenberg et « apprend la liberté », selon ses propres mots.  Pendant sa jeunesse les voyages à Paris sont fréquents, ce qui lui permet, une fois sorti des Beaux-Arts de Valence de rencontrer le groupe des peintres Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati et des critiques Michel Troche et Gerald Gassiot Talabot, actifs dans le Salon de la Jeune Peinture pendant les années soixante à Paris. C’est à travers cette connexion qu’Equipo Crónica, le duo qu’il forme avec Rafael Solbes, expose en 1965 et 1967 dans la capitale française. C’est aussi à Paris qu’Antonio Saura le remarque et le présente à Rodolphe Stadler, qui deviendra son premier galeriste. S’ensuivent les collaborations avec Maeght, dans les années 80, et Hoss la décennie suivante, avant que ce soit au tour d’Opera Gallery de faire résonner l’œuvre de Valdés à Paris. Ses œuvres sont présentes au Centre Georges Pompidou en 1999, avec l’exposition Patio de la Mairie d’Anglet. En 2005, l’installation des « Ménines » de Valdés dans les jardins du Palais-Royal est un succès, tout comme Valdés Monumental Place Vendôme en 2016. En installant ses œuvres en plein air, sur le dos de cette géante qu’est Paris, Valdés rend un hommage éclatant à la ville qui lui a donné ses premières ailes.