Monumentalité

Dix sculptures monumentales de Manolo Valdés, dont certaines de plus de 4 mètres de hauteur et de 6 mètres d’envergure, sublimeront la prestigieuse Avenue George V. Le public découvrira l’exposition de part et d’autre de l’avenue, tout au long des boutiques de luxe (Louis Vuitton, Hermès, Bulgari…) et de palaces prestigieux, tels que le Prince de Galles, le Four Seasons George V et le Fouquet’s, célèbres institutions connues pour leur amour des Arts et des Lettres.

« Je sens une forte connexion aux larges formats et je crois qu’il est parfois plus simple de travailler sur de grandes œuvres plutôt que sur des petites : elles ont plus de pouvoir. » 

Manolo Valdés

Fasciné par les propriétés de la matière, l’artiste espagnol sait lui donner vie de façon singulière. Aluminium, bronze, résine et acier inoxydable s’assemblent pour réinterpréter le thème classique du portrait féminin. L’exposition intitulée Manolo Valdés, Monumentales Égéries, est une véritable ode à la féminité. Ces têtes stylisées surmontées de couronnes, de coiffes portent souvent des noms de femmes réelles, comme ici Ariela, ou de muses et de divinités comme Clio. Dans les deux cas, ces bustes aux traits fins et presque effacés suggèrent des femmes saisies dans un instant de sérénité extrême. L’ataraxie de leurs traits ne renvoie pas à des portraits de personnes réelles, mais à des visages idéaux similaires aux divinités de la statuaire égyptienne, bouddhiste ou romane. Par ailleurs, ce que Valdés met en avant dans l’image qu’il construit des femmes n’est pas leur potentiel érotique, comme on l’observe le plus souvent, mais leur capacité à s’inclure dans leur environnement et à prendre place dans l’espace public.

Son œuvre, éblouissante réinterprétation de l’Histoire de l’art, est un hommage aux classiques et aux pièces maîtresses de grandes signatures, tels qu’El Greco, Pablo Picasso, Henri Matisse, Constantin Brancusi… car, selon lui, « l’Art de chaque époque rassemble toujours des éléments du passé, l’Art est une succession et une addition infinie ». La constance de sa passion pour les maîtres modernes a fait de Manolo Valdés un artiste dont l’œuvre contemporaine est un pont entre l’histoire et le présent. À l’occasion de cette exposition Avenue George V, l’artiste a conçu spécialement une sculpture du personnage de Clio, la muse antique de l’Histoire, qu’il décline à partir de la Clio de Sandro Botticelli sous la forme d’une tête ovale sur laquelle il dispose des géométries de faisceaux.

La Ménine, figure emblématique de son œuvre et réminiscence contemporaine de Diego Vélasquez, réapparaît dans cette nouvelle série de créations dans des résines colorées : orange, bleu, parme et noir intenses, telles des échos à l’opale de feu, au saphir, à l’améthyste et au diamant noir, figurants dans les vitrines des boutiques de haute joallerie de l’avenue George V. Ce bleu est une couleur signature de l’artiste espagnol, dont la teinte est connue dans les cercles de connaisseurs sous le nom de « bleu Valdés ».

L’artiste crée aussi ses muses à partir de son observation de son environnement. Il confie que sa série Mariposas est inspirée d’une scène extraordinaire aperçue à Central Park, un après-midi de printemps où il croisa une femme assise sur un banc enveloppée d’un tourbillon de papillons. Deux œuvres, Cabeza de Mariposas et Mariposas, illustreront ce thème sur l’avenue et ne manqueront pas de séduire le public parisien.

La monumentalité, chez Valdés, est avant tout urbaine, et ses formes rondes et horizontales prennent place naturellement dans les avenues et les squares car elles brisent la rectitude des avenues tracées et les verticales des bâtiments. Certaines œuvres présentées ici sont de véritables prouesses techniques, notamment deux sculptures de presque 7 mètres d’envergure. Les œuvres monumentales de Manolo Valdés séduisent par leur caractère aérien grâce à sa maîtrise exceptionnelle du vide qui traverse les délicats entrelacs de coiffes de ses grandes dames.